Jésus assis dans le temple enseigne cela. Jean nous dit que tout le peuple venait à lui.  Le peuple accueille son enseignement comme une guérison. Les scribes et les pharisiens sont dans un autre état d’esprit. Pour eux, la guérison intérieure est beaucoup plus difficile. Tout en eux est raide, rigide, figé, bétonné. Ils se sont fabriqué d’épaisses carapaces. En eux, tout est dur, l’amour ne circule pas. 

Les scribes et les pharisiens sont fiers de leurs certitudes religieuses. Tout est simple. La loi de Moïse nous ordonne de lapider les femmes adultères. Et toi qu’en dis-tu, disent-ils à Jésus pour le piéger? Deux procès en un : celui de la femme adultère et celui de Jésus. D’où vient leur haine ? D’où vient ce désir de donner la mort ? C’est précisément le lieu de leur combat spirituel et Jésus va les faire venir à ce niveau-là au cœur même de leur désir de donner la mort. La violence qu’ils ont au fond du cœur voilà ce que Jésus veut évangéliser.

Vous avez sûrement repérer l’attitude déconcertante de Jésus. Jésus se baisse. Jésus s’abaisse. Lui de condition divine n’a pas jugé bon de retenir jalousement le rang qui l’égalait à Dieu… il s’est abaissé…

Jésus s’abaisse. Déjà librement il se livre à la mort et se tait. Ecce homo, voici l’homme, humilié et abaissé. Ce n’est pas encore l’humiliation de la Passion, c’est l’humiliation de cette femme dont il porte par avance le salut. Combien de temps a duré le silence durant lequel Jésus dessinait sur le sol ? Que s’est-il passé dans le cœur de ces hommes remplis de haine ?  Qu’est-ce qui se passe dans notre propre cœur quand nous acceptons de regarder notre propre violence ou ressentiment ? Quand nous prenons conscience de l’écharde dans notre chair comme dit St Paul. Un vieux moine du Mont Athos la désignait sous le terme de point d’orgueil. Il s’agit certes d’une blessure mais aussi du lieu même où je me suis durci, le foyer même de la réaction violente comme un durcissement de l’amour en moi.  Spirituellement, si je sais vivre ce lieu du trouble comme un appel à l’humilité et à la confiance en Dieu, cette souffrance peut devenir un chemin de sainteté.

Dans ses blessures nous sommes guéris certes mais non sans une démarche vraie qui situe clairement nos lieux de fragilité comme des lieux de combat et d’accueil de la grâce.

Jésus va se relever. Jésus nous relève. Il a visité dans son abaissement nos lieux de repli, de macération, de ressentiment, de peur, tout ce qui en nous n’est pas encore évangélisé chez nous.

Comme on persistait à l’interroger, il se redresse et leur dit celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. A cette profondeur là où Jésus les a emmenés, comment se croire sans péché ?Il ne s’agit plus d’abord de transgression d’un code moral, mais d’une non-réponse à l’amour de Dieu.

Chacun en commençant par les plus vieux a fait l’expérience de son péché. C’est difficile de vieillir avec toutes ces blessures non reconnues, non visitées par l’amour du Seigneur.

Comme Paul, laissons-nous saisir par l’amour du Seigneur, laissons-nous évangéliser jusqu’en derniers recoins, dans nos replis, dans nos petites forteresses d’où nous pouvons juger les autres, les enfermer dans leurs fautes comme pour cette femme adultère. Il y a un regard qui réduit l’autre et qui empêche de voir la beauté en lui.

Jésus va se baisser de nouveau… Jésus s’abaisse pour ne pas écraser, ni effrayer la femme qui se tient devant lui.

Son doigt continue à tracer des signes sur le sol. Le doigt de Jésus, le doigt de Dieu n’est pas pointer sur cette femme en détresse pour l’accuser mais il se promène sur le sol pour faire diversion, pour lui faire signe. La vie peut continuer, tu es sauvée semble lui dire Jésus.

Jésus va se redresser à nouveau et dans ce mouvement même de résurrection, elle va pouvoir accueillir le pardon.

Moi non plus je ne te condamne pas, va, et désormais ne pêche plus. Dans chaque Eucharistie, dans le sacrement de réconciliation, le Seigneur vient nous faire faire ce chemin : chemin de conversion, chemin de guérison. Pâques approche, laissons-nous toucher par le Seigneur pour accueillir la vie qu’il veut pour nous et pour tous ceux pour lesquels, il nous envoie. 

Bmg