Ce que Marie de Béthanie répand sur les pieds de Jésus, c’est un parfum très puissant qui au contact de la peau de Jésus se répand dans toute la pièce comme la bonne odeur du Christ. Ce parfum, c’est celui de son ensevelissement : pas d’odeur de corruption mais déjà l’odeur de la résurrection. Marie livre à Jésus ce qui est précieux à ses yeux. C’est ce geste d’amour qui touche le cœur de Jésus. Il voit plus qu’un geste d’amour, c’est une remise totale de tout l’être de Marie qui est transformé radicalement par Jésus. Un cœur à cœur libérant et guérissant. Ce qui est transformé quand nous-mêmes entrons en relation avec le Christ par divers chemin, oraison, sacrement dont celui du frère c’est notre mal, notre malheur. Notre confiance, qui va jusqu’à tout remettre au Christ, permet une divine alchimie : ce qui est dans l’ombre devient lumière.
Il existe un autre niveau, plus profond que notre mal, plus profond que notre angoisse, en deçà de nos ténèbres, souvent enfouies dans le déni, neutralisé par nos mécanismes de défense, en attente d’être vraiment regardées et assouplies, il s’agit de notre ombre, le pauvre en nous qui cherche à exister, silhouette famélique, cachée au creux de notre aveuglement, cherchant la lumière de notre conscience et plus encore, si nous le voulons, en attente de la lumière douce et miséricordieuse de Dieu. Dans cette lumière, tout devient lumière, tout prend vie et couleurs.
Notre ombre, c’est ce qui en nous n’a pas pu advenir à la pleine lumière, ce qui en nous stagne dans les grisés de l’attente d’un regard de bienveillance. Notre propre regard sur nous-même est parfois si dur, pourquoi ne pas décider de nous aimer mieux ? Nous sommes souvent tellement dépendants du regard des autres, pourquoi ne pas accepter de nous laisser mieux aimer en étant plus aimables ? Nous mettons toute une vie pour accepter que Dieu nous aime infiniment mieux que l’ont fait nos parents, pourquoi ne pas, dès maintenant, accueillir dans la foi Celui qui jamais ne désespère de nous mais qui, bien au contraire, nous révèle la merveille que nous sommes à ses yeux ? Reconnaitre nos ténèbres et accueillir notre ombre est un travail de lucidité et d’humilité, c’est un vrai travail, un travail coûteux car un travail sur soi. Exposer notre ombre à la lumière est un acte de confiance. C’est alors que, sous le regard illuminateur du Christ, l’ombre se met à resplendir des couleurs de l’arc en ciel, signe de l’Alliance entre Dieu et les hommes.
L’expérience de cette divine alchimie est l’expérience de l’amour capable de dépasser les mauvaises odeurs pour saisir en l’autre les semences de Résurrection.
Judas est déjà passé dans la dynamique de la trahison et il ne supporte pas cette odeur. De 300 pièces d’argent à trente, il franchira le pas.
Qu’est-ce qui en nous résiste à l’amour ? Quelle est l’ombre qui en nous a besoin d’être visité ? Au temps favorable, dans un chemin de progression, l’Esprit Saint éclaire nos lieux de résistances et de fermeture. Cette ombre que nous nommons et ouvrons à L’Esprit Saint pour qu’elle soit visitée devient lumière.
Bmg