Nous sommes toujours dans l’octave de Noël. Ce temps de Noël est le temps de l’adoration. La parole s’est faite chair, la parole s’est faite enfant, enfant adorable au sens fort du terme. Le silence de l’adoration dit quelque chose de ce temps de Noël… 

Comment comprendre cette bénédiction que nous avons entendue dans la première lecture ? « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’Il se penche vers toi. Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. »

Bénir, c’est-à-dire dire du bien, plus que cela faire du bien, plus que cela protéger du mal par l’abondance du bien. Pas par n’importe quel bien, par la plénitude du bien qui est en Dieu. 

Oui mais les saints innocents, n’ont-ils pas été victimes du mal. Combien d’innocents succombent sous les coups des violents, des haineux, des pervers, des homicides. C’est le mal qui semble triompher. La naissance du Christ n’a pas sauvé les saints innocents ? Il y a eu les bergers, Marie et Joseph mais il y a eu Hérode. Le mystère d’iniquité se déchaine au moment de l’incarnation, Il y a eu les bergers, Marie et Joseph mais il y a eu Hérode. Le mystère d’iniquité se déchaînant au moment de l’incarnation. La lumière qui se révèle dans la crèche, c’est celle du salut. Le salut, c’est la lumière, la lumière de Noël qui nous dit que l’homme est fait pour le bonheur, la justice, la paix, l’amour et la vérité. C’est pourquoi ce sont ceux qui sont privés de cela qui sont les plus aptes à accueillir. Ils voient mieux que nous, ils entendent mieux que nous cette bonne nouvelle du salut qui vient les relever.  Qui sont-ils ?  Les pauvres, les malades, ceux qui pleurent, les doux, les humbles, tous ceux qui sont cités dans les béatitudes.

Oui mais ceux qui n’ont pas eu le temps de quoi que ce soit ? Les innocents tués par Hérode ? Le massacre des innocents, c’est le scandale des scandales. Dieu craque d’amour pour eux : « enfants massacrés, vous n’êtes pas seuls, au contraire vous êtes mes enfants bien-aimé ». Cette parole que l’enfant-Dieu leur adresse, elle est aussi pour tous ceux qui sont atteints par le malheur. Pour nous aussi quand nous traversons des épreuves. Nous y sommes particulièrement aimés. Plus que cela, nous sommes toujours des enfants bien-aimés du Père, nous sommes uniques, notre valeur est grande aux yeux de Dieu même si nous n’avons pas sensiblement accès au ressenti de cet amour.

A travers le mystère de l’incarnation, ce n’est pas seulement Dieu qui se fait homme, c’est Dieu qui divinise la création. La parole qui est dite du Fils par le Père, devient la parole du Père pour tous ses fils : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré. » Aujourd’hui, à Noël, nous reconnaissons que nous sommes tous les enfants bien-aimés du Père.  Aujourd’hui, nous accueillons dans notre vie l’amour dont nous avons besoin pour vivre. Aujourd’hui, Dieu nous fait justice et se fait notre salut. C’est pour cela que nous devons tressaillir d’allégresse et nous réjouir. Parce que Dieu vient à nous, se fait voir de nous, et nous permet de le reconnaître en nous et dans nos frères, les bien-aimés de Dieu.

Tout en découvrant sa fragilité, l’homme peut découvrir également et dans la même dynamique qu’une autre vitalité que sa vie physique et psychologique le traverse et l’habite : c’est le souffle même de Dieu, son souffle de vie, de tendresse et d’amour, c’est l’Esprit Saint. 

On comprend alors mieux le psalmiste quand il dit en parlant de l’homme : « Tu l’as fait un peu moindre qu’un Dieu ». Qu’est-ce qu’un berger, Seigneur que tu leur ouvres le ciel ? Qu’est-ce que Marie et Joseph, fragile couple jeté par édit de l’empereur sur les routes de Palestine ? Tu les as faits un peu moindre qu’un dieu. Tu les as faits porteurs d’une bonne nouvelle, d’un souffle nouveau !

Les bergers vont raconter ce qu’ils leur avaient été annoncé au sujet de cet enfant. Comment garder cela pour soi ? Cette parole qu’ils ont reçue est à transmettre. La Bonne Nouvelle de Noël, c’est la lumière en notre humanité, la lumière en notre monde non pacifié mais sauvé.

Marie, cependant retenait ces événements et les méditait dans son cœur. Marie continue son chemin de foi. De toute la force de son intelligence, de toute sa volonté, de tout son cœur, de tout son être, elle cherche à pénétrer le sens de ces événements. L’Esprit saint a pris Marie sous son ombre et elle a enfanté le Christ. Elle ne cessera de l’enfanter pour nous dans sa disponibilité à l’Esprit en elle. 

Et Dieu seul sait combien elle sera travaillée, déplacée, traversée par les évènements du salut. Marie est mère du Christ pour nous, cette maternité n’est pas limitée à l’espace et au temps. Elle est maintenant éternelle.

 Marie enfante toujours Jésus en nous, elle préserve et protège la vie divine en nous.

La vie divine en nous est à protéger. Comme elle l’a fait pour l’homme-Dieu, l’enfant-Jésus dont elle est la mère, Marie nous apprend un autre visage de Dieu que celui que l’on pourrait appréhender dans les tempêtes ou les raz de marée de nos vies. Le visage du Seigneur en ce temps de Noël, en ce temps de silence est un visage d’enfant. « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi. »

Alors nous réalisons subitement que ces paroles de bénédictions en ce temps de Noël s’engagent dans un double mouvement. Il ne s’agit plus seulement de demander au Seigneur qu’il se penche sur nous mais comme Marie de nous pencher vers celui qui est la source de toutes bénédictions.

Qui peut se pencher le mieux sur le visage de l’enfant-Dieu si ce n’est Marie, la mère de Dieu. Combien de fois s’est-elle penchée vers Jésus. Marie a découvert à travers son attention maternelle à Jésus que le Seigneur des Seigneurs vient apprendre d’elle. 

Il vient apprendre d’elle ce beau mot de maman, ce premier mot qui ouvre les lèvres du petit enfant. Maman est le nom donné au visage de tendresse penché vers lui, le jour, la nuit mais il est plus encore, il est le nom qui habite déjà son cœur et sans lequel, il n’y aurait jamais pour lui de sécurité, de bonheur et de vie. Ainsi le nom de Marie a habité le cœur de Jésus, il a pris racine en lui et l’a envahi de tendresse, de lumière et de joie. 

La nouveauté de l’Incarnation, c’est Dieu au milieu de nous, c’est Dieu à travers nos mains, nos gestes qui consolent, essuyant les larmes, c’est Dieu nous apprenant l’espérance au cœur même des difficultés, c’est Marie comme modèle.

Comme Joseph, il nous faut prendre Marie chez nous, comme Jean, au pied de la croix, il nous faut prendre Marie comme mère. A ses amis intimes, Jésus révèle les secrets de la maternité de Marie, il leur montre comment il faut se réfugier auprès d’elle en invoquant son nom béni. Le nom de Marie est bénie, il est bénie entre toutes les femmes. Le Seigneur a tourné vers elle son visage et il s’est penché vers elle. Il lui a apporté la paix. Il s’agit bien de cette paix de la nuit de Noël, révélée aux bergers : « et paix sur terre aux hommes qu’il aime ».

Que le Seigneur pacifie notre cœur pour que nous puissions vivre l’espérance chrétienne tout au long de cette nouvelle année malgré toutes les futures épreuves de nos vies et de notre monde. 

Espérer, ce n’est pas croire que tout finira par s’arranger ; c’est croire en la vie divine plus forte que la mort, c’est croire en la tendresse de Dieu qui se confie à nous comme l’enfant de la crèche dans les bras de Marie.

Bmg