Dans le texte de l’Evangile de ce jour, l’extraordinaire surgit de l’ordinaire. Quoi de plus ordinaire que deux futures mamans que communiquent leur joie d’accueillir la vie. Pourtant les futures naissances ne sont pas ordinaires. Quoi de plus extraordinaire, un enfant qui nait d’une vierge, un autre enfant qui nait d’une vieille femme stérile.

L’Évangile de la visitation nous dit que Marie se met en route « rapidement ». Des choses, moi aussi j’en fais très rapidement, souvent même bien trop rapidement ! C’est bien trop rapidement que je prends des nouvelles de personnes en difficulté ; bien trop rapidement que je salue ceux que je croise ; bien trop rapidement que je passe d’une activité à l’autre, et même bien trop rapidement que je prie. Il ne faudrait surtout pas que j’invoque l’attitude de Marie pour me donner bonne conscience car ce n’est pas du tout le sens du mot qui est utilisé dans le texte. Le terme grec « meta spoudès » signifie, certes, rapidement mais dans le sens de « avec ardeur », ou « avec empressement ». Puisque Marie contacte le plan de Dieu lors de l’Annonciation et que l’Esprit Saint est venu sur elle, finalement la meilleure traduction serait peut-être avec enthousiasme. Enthousiasme, c’est littéralement dans l’énergie de Dieu. L’énergie de dieu, c’est l’Esprit Saint. C’est, avec enthousiasme, que Marie se met en route pour aller visiter sa cousine Elisabeth. Marie se hâte pour visiter sa cousine Élisabeth, enceinte de six mois ? L’Esprit Saint va « jeter » Marie sur la route. Luc précise qu’elle se rend de Nazareth à Heim Karen en hâte. Cent cinquante kms pour atteindre les collines de Judée, tout à la joie de l’expérience de l’Esprit Saint. Depuis l’Annonciation, tout se précipite rapidement. Dieu est à l’œuvre dans l’invisible, tellement à l’œuvre que la manière de voir de Marie en est illuminée. Celui qui œuvre, c’est l’Esprit Saint.

C’est tellement puissant que cela surgit de l’invisible pour se manifester dans les paroles et les gestes qu’échangent cette jeune femme, Marie et cette vieille femme sa cousine Élisabeth, toutes les deux enceintes. Marie a salué Élisabeth. Qu’a-t-elle dit de plus que le shalom traditionnel ? Un mot tout simple de politesse et pourtant ce mot fait gonfler la voix d’Élisabeth et déclenche en elle un bondissement de l’enfant qu’elle porte. Élisabeth dans la joie des naissances toutes proches de Jésus et de Jean-Baptiste fait l’expérience de cette communication vitale par Marie. Les deux futures mamans vont exprimer une allégresse qui dépasse de beaucoup la joie humaine de porter et d’enfanter la vie. Marie, communiquant la joie ! Mais qui agit dans cette communication ? C’est l’Esprit Saint qui est à l’œuvre.

L’évangile de la Visitation est centré essentiellement sur l’Esprit Saint. Le shalom de Marie a fait tressaillir Jean-Baptiste, l’enfant qu’elle porte. Le verbe grec qui est utilisé ici, c’est « sirtakô » c’est ce qui a donné le sirtaki, vous savez cette merveilleuse danse grecque.

Quand Marie entre dans la maison et se met à parler, Jean-Baptiste, dans le sein d’Élisabeth se met à danser le sirtaki. Qu’est-ce qui provoque ce tressaillement si plein d’allégresse ? Tout simplement le fait que Marie soit emplie de la présence de Jésus qui se développe en son sein. Marie s’est laisser visiter par le Saint Esprit, Jésus a pris corps en elle et, du coup, là où elle passe, on se met à tressaillir, à danser de joie. Pour nous chrétiens, c’est l’Esprit Saint qui règle la danse de l’Agapè de Dieu pour l’humanité. A travers Lui, notre regard, le monde se ré-enchante. Qui plus est, les rencontres en sont illuminées.  Que le mystère de Jésus qui a grandi en Marie nous enveloppe de sa beauté et vienne toucher en nous cet enfant éternel, notre enfant intérieur, notre prince intérieur, principe céleste qui ne demande qu’à grandir. Que nos yeux en soient illuminés, que rayonne sur nous la joie de la vie qui vient. Marie est pour nous comme un appel à la joie d’accueillir la vie. L’enfant à naître nous dit cela. Marie nous invite à laisser rayonner notre vie intérieure. Alors, évidemment, ça change complètement. L’enfant qui naît est vu alors comme un sublime cadeau à accueillir avec enthousiasme, dans le réenchantement de nos vies par l’Esprit Saint.

Dans la vie quotidienne, la grâce que nous pouvons demander, c’est de tout faire avec enthousiasme . L’enthousiasme nous amène à consentir que la promesse de Dieu va au-delà de notre compréhension, qu’il nous précède sur notre chemin et qu’il nourrit sur ce chemin par les sacrements qu’il a laissé à son Église, cette Église qu’il conduit, protège et purifie sans cesse.