Zachée, qui es-tu ?
- Zachée, tu es petit, sûrement complexé par ta taille. Tu rêves d’être grand !
- Zachée, tu es préoccupé par beaucoup de choses, l’argent, le pouvoir et tant et tant d’autres choses encore !
- Zachée, tu es en porte à faux, avec toi-même et surtout avec les autres qui t’accusent d’escroquerie, de trahison !
- A quelle vraie question veux-tu échapper ? T’es-tu déjà demandé si tu étais vraiment heureux ?
- Zachée, tu es curieux, à l’affût, en attente de quelque chose que tu pressens, que tu ne peux pas nommer ; en fait peut-être en attente de quelqu’un qui te comprenne vraiment, quelqu’un qui te révèle ta vraie richesse.
- Zachée, j’aime te rencontrer dans cet Evangile car nous sommes un peu comme toi !
Jésus, en ce dimanche que nous révèles-tu de toi-même ?
– que tu es un prophète sur la route en quête de rencontres pour ta mission
- que tu es un éveilleur de vie, de toute vie, chez toute personne que tu rencontres pour lui dire ton amour, un amour qui donne la force de changer quelque chose de sa vie.
Jésus et Zachée, merveilleuse rencontre, une rencontre véritable, pleine de montées et de descentes. Et ce n’est sans doute pas pour rien que la scène se passe à Jéricho, cette cité des profondeurs, puisqu’elle a la particularité d’être la ville la plus basse du monde, à 240 mètres sous le niveau de la mer : une ville pour ainsi dire sous terre, comme le Shéol, le lieu des morts dans la foi juive, là où les défunts sont loin de Dieu. Zachée est perdu, nous dit Jésus. Il est mort intérieurement. Il a perdu le vrai sens de sa vie et il ne l’a pas orientée dans une bonne direction. Mais dans le regard que Jésus pose sur lui, Zachée découvre l’infinie tendresse de Dieu. C’est au milieu même de ce qui l’emprisonne que le Fils de l’Homme vient le chercher. En tant que chef des collecteurs d’impôts, Zachée gère des sommes considérables et un imposant personnel. Toutes ses capacités humaines sont au service d’un travail où rien n’est gratuit, où tout est compté, où toute relation humaine est rapport d’intérêt. Zachée, terre assoiffée, se laisse rencontrer par Jésus et toucher par cette parole « Zachée, descends vite, car il me faut demeurer chez toi ! » Jésus veut rencontrer Zachée, chez lui, c’est-à-dire dans l’intimité de son cœur pour lui révéler sa véritable soif. Dans cette rencontre, sa vie intérieure se réveille et son cœur se retourne. Au sein de cette expérience d’intimité, Zachée trouve le désir et la force de renoncer à ses anciens comportements. Il annonce solennellement qu’il va donner la moitié de ses biens aux pauvres et réparer les torts qu’il a commis. Il choisit d’aimer. Et c’est en homme debout que Zachée fait cette déclaration.
Avant sa rencontre avec Jésus, Zachée trouvait ses points d’appui dans son pouvoir sur les autres et dans l’argent qu’il entassait… Maintenant, c’est une autre solidité qui lui permet de tenir. Cette nouvelle solidité vient de Jésus. Jésus sur les routes de Terre Sainte a rencontré Zachée. Jésus ressuscité, est toujours en chemin sur les routes de nos vies. Il nous met et nous remet sans cesse debout, nous donne une nouvelle solidité pour devenir disciples du Christ. Jésus ressuscité, plus intime à nous-même qu’à nous-même, sans se lasser, nous invite à descendre au plus profond de notre être pour y trouver sa présence. Jésus nous y attend pour pouvoir nous rencontrer. Sans délai, laissons-nous regarder, aimer par lui. C’est alors qu’il peut libérer notre cœur. Le libérer mais de quoi ? Il nous libère de notre peur de la vraie rencontre. Jésus nous libère de toutes nos mauvaises dépendances, de notre frénésie, de nos excès pour lesquels nous allons jusqu’à sacrifier l’essentiel. Jésus nous libère de notre soif de puissance et d’emprise sur l’autre. Il nous libère de tous nos enfermements et de tous nos repliements sur nous-même. Ce chemin de libération est exigeant. Il demande de reconnaître et de traverser toutes nos zones troubles appelées à devenir claires pourvu que nous acceptions de les visiter dans la lumière du Christ aimant. Nous n’avons pas à avoir peur parce que, dans cette descente même, petit à petit, Jésus ne cesse de purifier notre cœur. Il le simplifie, l’élargit pour que nous aimions vraiment, profondément, largement. Oui, Seigneur, aujourd’hui, je t’accueille tel que je suis. Avec toi, je ne veux plus me servir des autres. Oui, Seigneur, avec toi, je veux être plus vigilant pour ne pas sombrer dans l’activisme. Avec toi, je veux être davantage sur mes gardes pour échapper à l’idolâtrie, toute idolâtrie qui me coupe de toi et des autres. Avec toi, je veux changer de regard. Oui, Seigneur, avec toi, avec ton aide, je veux changer ma vie. Voilà ce que Jésus réalise en nos vies quand nous le cherchons et que nous accueillons son désir de demeurer chez nous. Du cœur de la relation avec Jésus, jaillit la capacité à aimer, à aller vers l’autre, le comprendre, compatir, témoigner de la Bonne Nouvelle du salut pour tout homme.
Seigneur, par ton Eucharistie réveille en nous le désir de te chercher sans cesse, toi qui viens demeurer en nous. Qu’à chaque instant, notre vie soit renouvelée. Que, d’Eucharistie en Eucharistie, de remise en question en remise en question, de déplacement en déplacement intérieurs, de transformation en transformation, nous devenions de plus en plus solides dans la foi, que nous devenions de plus en plus libres, libres pour aimer.
Bernard-Marie Geffroy